Lyon, 2-3 juillet 2012
Institut de la Communication
Center for Research in Communication
Cox International Center
Université Lyon2 - France SNSPA - Roumanie University of Georgia - États-Unis
Cette conférence interroge l'articulation entre des processus politiques actuels, le fonctionnement des médias et la notion même d'espace public. Il s'agit principalement de comprendre l'ampleur des transformations qui questionnent nos sociétés aujourd'hui. Après une interrogation générale du concept d'espace public, nous examinerons le rôle des médias à travers deux situations particulières : le processus de démocratisation en cours en différents pays et les difficultés de création d'un espace public européen.
Notre perspective de recherche propose un double croisement : interdisciplinaire et interculturel. Ainsi, notre démarche se situe à la croisée des sciences politiques et des sciences de la communication, mais également des regards de chercheurs de différents pays.
- Les transformations de l’espace public
Les termes « espace public » renvoient à des définitions, des approches, des méthodes de travail, des thèmes différents selon les chercheurs et les pays. Pour certains, il ne s’agit pas d’une notion homogène, elle ne renvoie d’ailleurs pas à un espace homogène. Pouvons-nous parler d’ « espaces publics » ?
L’espace public commence-t-il avec la rencontre d’individus ou de groupes ? Est-il un lieu de rencontre, de confrontation des opinions, de débat ? Faut-il utiliser le terme uniquement lorsque des médias de masse interviennent dans la construction des représentations et des choix collectifs ?
Même si nous ne conservons qu’une seule de ces définitions, il est désormais nécessaire d’inscrire l’espace public dans un contexte politique, social, sociétal et/ou économique. Avec l’ouverture des relations internationales, nous parlons de « nouveaux modèles de sociétés », des « démocraties arabes » ou de « l’espace public chinois ».
L’apparition et l’utilisation des outils techniques semblent avoir également un impact important, parce que la distinction entre sphère privée et sphère publique ne serait plus tout à fait opérationnelle, notamment parce qu’elle fait émerger des « espaces sociaux ».
Ce sont toutes les dimensions de ces transformations que nous proposons de travailler à l'intérieur de cet axe. Dans cette logique, plusieurs thématiques sont proposées :
- Les définitions de l'espace public
- Les interprétations de la notion dans la littérature scientifique en sciences humaines
- Comment historiquement, avant même la dissémination du concept d'espace public, il existait des manières de construire des représentations communes des enjeux d'une société
- Les diverses dimensions impliquées dans la construction des espaces publics : aspects cognitif, dynamique des groupes, dynamiques sociales, représentations politiques, construction d'identités régionales, nationales, internationales
- Aspects liés à la construction et/ou le renforcement des identités : consensus, représentativité démocratique, solidarité …
- Analyse des transformations apportées par les technologies : poids de l'accroissement de la vitesse de propagation d'une information, poids de la composante démographique (l'usage massif des technologies par une classe d'âge), le fonctionnement des espaces sociaux...
- Médias et démocratie : nouvelles perspectives
Le rôle des médias dans le processus de démocratisation a été analysé en sciences politiques et fait l'objet des travaux en communication de masse. Les chercheurs considèrent la liberté d'association, l'information et la communication comme des éléments essentiels de la démocratie. Certains affirment que sans la liberté de communication que les médias assurent, le fondement même des règles démocratiques serait incertain.
L'espace public constitue une arène de débats, mais également un outil nécessaire pour la mise en, place de décisions démocratiques. Les gens utilisent les médias pour débattre des questions critiques c’est pourquoi la liberté de la presse est essentielle pour l'existence même d'un authentique espace public. La chute du communisme a produit de nouveaux modèles de transition rapide des institutions média entièrement contrôlés par l’État à des systèmes médiatiques relativement indépendants.
Les changements politiques, le manque d'expérience en journalisme et dans le domaine de la formation en journalisme, les contraintes économiques ont eu un impact sur la manière dont les systèmes médiatiques ont évolué dans différents pays suite aux chutes des régimes totalitaires.
Récemment, Le Printemps arabe nous indique le fait que les médias non-traditionnels doivent également faire partie de l'équation. Les médias sociaux pourraient avoir le pouvoir d'informer et de mobiliser le public dans les régions où la crédibilité des médias traditionnels est faible.
Cette section vise à examiner le rôle de la communication de masse dans le processus de démocratisation, dans le contexte des changements que les nouveaux médias ont apporté au domaine de la communication de masse.
Certaines des questions qui seront abordées dans cet axe sont :
- Quelle est l'importance de la liberté des médias ?
- Comment est-elle évaluée ?
- Les évaluations de la liberté des médias réalisées par des élites/experts sont-elles compatibles avec les perceptions du public en général?
- Les médias obéissent-ils aux changements politiques et économiques actuels ?
- Les médias sont-ils le « miroir » ou le « mal » de la société ?
- La libéralisation immédiate des médias peut-elle devenir dangereuse pour les régimes post-totalitaires ?
- Les programmes Occidentaux d'aide aux médias ont-ils été bénéfiques dans le processus de démocratisation ?
- Les médias ont-ils contribué à un dialogue solide pendant la transition ?
- Ont-ils renforcé et structuré le débat public ?
- Les médias Occidentaux constituent-ils des modèles applicables dans les nouvelles démocraties ?
- A la recherche d'un espace public européen
La recherche universitaire sur la sphère publique européenne se situe à la croisée des sciences politiques et d'études de communication. Le concept a commencé à être plus intensivement étudié dans les deux dernières décennies, principalement en se concentrant sur deux perspectives importantes dans le débat public : l'une institutionnelle (des structures, acteurs, traités, normes etc.) et une concernant les citoyens de l'Union. Les institutions européennes ont été accusées de manque de transparence et la réponse négative des citoyens européens dans le cadre des référendums clés a été interprétée comme un «déficit démocratique», plus tard appelé «le déficit de communication» de l'Union européenne.
Ainsi, les différentes difficultés de création d'un espace public européen fonctionnel sont au cœur du déficit démocratique en Europe. L'espace public permet de participer à un choix collectif, que ce soit au sujet des questions politiques spécifiques ou des institutions de base. Deuxièmement, l'espace public reproduit et transforme différents imaginaires sociaux qui "construisent" l'idée même d'Europe. Troisièmement, l’espace public est une forme d'intégration et de solidarité sociale, ainsi qu'une arène de débat avec l'autre.
La notion classique d'espace public de Habermas insiste sur la dimension de la société civile, qui construit sa base grâce au soin d'autonomie individuelle. Certains travaux de recherche ont placé la notion d'espace publique européen dans un chemin étroit, implicitement ou explicitement dérivé d'un idéal-type de l'espace public national. Ainsi, plusieurs auteurs ont mis l'accent sur la question de la probabilité du développement des médias de masse transnationaux ou des actions collectives transnationales et d'organisation au niveau européen.
L'étude de l'espace public européen s'est révélée être une entreprise très difficile, théoriquement et empiriquement. La littérature académique ouvre trois principaux paradigmes d'interprétation de l’espace européen: l'espace public européen homogène, l'espace public national européanisé et l'ad-hoc, l'espace public fluide, créé en agrégats d'opinions autour des questions et des préoccupations communes au niveau européen.
Dans ce contexte, plusieurs autres acteurs sont particulièrement importants : les médias, la société civile et les acteurs politiques. Quels sont leurs rôles dans la construction (ou déconstruction) d'un espace public européen et comment la crise mondiale affecte-t-elle la crédibilité et la légitimité du projet européen lui-même, ne sont que quelques questions auxquelles il faut répondre à la fois du point de vue académique et institutionnel.
Cet axe comportera des propositions de communication de recherche théorique et empirique concernant plusieurs questions liées à l'espace public européen :
- L'identité européenne et les médias
- L'Union européenne et la crise mondiale
- L'européanisation et les médias
- Identité nationale versus identité européenne
- Établir l'agenda médiatique sur l'Union européenne
- Euroscepticisme et la mobilisation politique
- Espaces publics nationaux et questions européennes
- Acteurs et institutions européennes
- Modèles journalistiques et sujets européens
- Communication institutionnelle européenne
- Information, espace politique et participation publique
Tout autre sujet lié à cette thématique est attendu.
Conférenciers invités
- Bernard LAMIZET – Institut d’Études Politiques, Lyon
- Klaus SCHÖNBACH – University of Vienna
Un Atelier de méthodologie comparée sera organisé en marge de la conférence. Organisateurs :
- Odile RIONDET - Académie de Lyon
- Vincent MABILLOT – ICOM, Université Lumière Lyon 2
Comité scientifique
- Carolina ACOSTA-ALZURU – University of Georgia, Athens, USA
- Alina BÂRGĂOANU – Ecole Nationale d’Études Politiques et Administratives, Bucarest, Roumanie
- Diana CISMARU – Ecole Nationale d’Études Politiques et Administratives, Bucarest, Roumanie
- Sylvie LAINÉ-CRUZEL – Université Jean Moulin, Lyon 3, France
- Bernard LAMIZET – IEP, Université Lumière, Lyon 2, France
- Pascal LARDELLIER – Université de Bourgogne, Dijon, France
- Adrian LESENCIUC – Académie des Forces Aériennes « Henri Coanda », Braşov, Roumanie
- Vincent MEYER – Université Paul Verlaine, Metz, France
- Mira MOSHE – Ariel University Center of Samaria, Israël
- Philippe VIALLON – Université de Strasbourg, France
- Yves WINKIN – École Normale Supérieure de Lyon, France
Comité d’Organisation
Lee B. BECKER, University of Georgia, SUA
Nicoleta CORBU, Ecole Nationale d’Etudes Politiques et Administratives, Roumanie
Dana POPESCU-JOURDY, Université Lyon 2, France
Elisabeth VERCHER, Université Lyon 2, France
Dr. Tudor VLAD, University of Georgia, SUA
Calendrier
15 mars 2012 : Soumission des propositions de communication
10 avril 2012 : Résultats de la sélection
10 juin 2012 : Soumission des textes pour publication
Les propositions
Les langues de travail sont le français et l'anglais.
Les propositions de communications (max. 500 mots, suivis de 3-5 mots-clés) seront transmises en format MS Word. Merci d’indiquer le nom complet, l’appartenance institutionnelle, l’adresse postale, le numéro de téléphone et de fax, l’adresse mail de tous les auteurs, en indiquant la personne de contact.
Une seule proposition par auteur principal est acceptée.
Les propositions seront envoyées à l’adresse mail suivante : conference@comunicare.ro
Les auteurs recevront une confirmation par mail.
Les articles sélectionnés seront publiés en volume après la conférence. A cette fin, les articles seront soumis à une nouvelle procédure de sélection.
Tous les manuscrits soumis doivent respecter la version la plus récente du guide de l’APA (American Psychological Association Publication Manual).
Frais de participation
Les frais d’inscription sont de 100 euros / participant.
Pour les doctorants et les étudiants en master, les frais sont de 50 euros / participant.
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