Les applications de la sémiotique à la communication des organisations
Coordination : Andrea CATELLANI et Martine VERSEL
Presses Universitaires de Bordeaux
272 pages - 25 euros
Ces deux domaines complexes que sont la sémiotique-sémiologie et la recherche en communication des organisations présentent une certaine richesse de croisements, de figures d’échange et de rencontre, d’ailleurs plus ou moins internes au domaine de l’information et de la communication. D’un point de vue général, les organisations sont des « machines sémiotiques » à cause de leur incessante production de sens et de textualités, à l’intérieur comme vers l’extérieur. Cette production est nécessaire pour leur existence, bien avant les objectifs de « succès », réputation et efficacité auprès des publics et des parties prenantes. Les organisations sont même des « machines paresseuses », comme le disait Eco à propos des textes (1979), parce que l’interprétation des organisations, la « lecture » que les acteurs sociaux peuvent en faire, et donc au fond leur existence, est liée strictement à l’activité interprétative, sociale, politique, etc. des acteurs humains (sans oublier leur prothèses, interfaces et « adjuvants » non-humaines).
L’analyse des organisations rend donc possible le croisement de la tradition sémiotique avec les SIC. Le développement des socio-sémiotiques est particulièrement intéressant pour les SIC, tout comme les évolutions de la sémio-pragmatique. Nous constatons en tout cas que, si des recherches sémiotiques sur les textualités et les pratiques des organisations existent, une véritable sémiotique de l’organisation reste peut-être encore à construire. Sera-t-il alors le rapprochement avec les SIC, et en particulier avec certaines approches « constitutives » de la communication organisante, à rendre plus facile cette naissance ? Nous imaginons ici donc un processus inverse, une fécondation de retour.
Du point de vue des SIC, les apports sémiotiques seront toujours importants pour mieux saisir la dimension de la production et circulation du « sens » et des signes. Il ne s’agit pas du tout d’imposer un courant « textualiste » en SIC d’organisation, qui serait centré sur le texte (verbal) en contraposition aux courants plus « actionnistes » (centrés sur l’analyse de l’interaction et de l’action des acteurs). Nous soulignons que l’organisation entière, ses objets, ses interactions, et les actions de ses acteurs sont des objets possibles pour l’analyse sémiotique autant que les textualités plus traditionnelles. Il s’agit donc plutôt de montrer l’utilité d’une ouverture, d’une attention réciproque, et aussi de certaines fertilisations croisées au niveau conceptuel et méthodologique.
Auteurs : Andrea Catellani, Martine Versel, Jean-Jacques Boutaud, Eléni Mitropoulou, Jacques Fontanille, Pierluigi Basso Fossal, Anthony Mathé, Annick Monseigne, Béatrice Galinon-Mélénec, Christiane Legris-Desportes, Patrice de la Broise, Céline Bryon-Portet, Amaia Errecart, Barbara Szafrajzen et Hakim Hachour.
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