Mondes numériques :
nouvelles perspectives de recherche
Date limite de
soumission des contributions : 31 mai 2013
Numéro coordonné par
Hélène Bourdeloie
Doit-on renouveler les modèles théoriques et les méthodes
d'investigation pour analyser les usages des technologies numériques de
l'information et de la communication (TNIC) ? Peut-on parler de méthodes
spécifiques pour observer et analyser les pratiques dans les mondes numériques
? Comment observer les pratiques en tenant compte de la dimension éthique dans
le travail du chercheur ? Ce sont ces questions que souhaite explorer ce numéro
de la revue tic&société suite à la table ronde organisée dans le cadre du
congrès de l’AISLF qui s’est tenu à Rabat, du 2 au 6 juillet 2012, sur le thème
Communiquer dans un monde incertain.
La multiplication des plateformes (réseaux socionumériques,
sites internet collaboratifs, etc.), des dispositifs numériques (téléphones
intelligents, tablettes tactiles, etc.), des services de cloud computing et la diversité des usages qu’ils offrent invitent
les chercheurs à déployer de nouvelles méthodes de recherche et à mobiliser
différents cadres d’interprétation et modèles théoriques. Si toute technologie
a toujours résulté d’interactions avec le social, on se demandera ici dans
quelle mesure ces dernières jouent un rôle nouveau. Il est par exemple devenu courant
de parler de « web social » ou de « médias sociaux », expressions dont il y aura
lieu d’interroger la pertinence puisque tout média recouvre assurément une composante
sociale. Les relations entre innovation technique et innovation sociale n’en
rencontrent pas moins là une nouvelle impulsion dans la mesure où les usagers participent
pleinement de la production et de la circulation des services et des contenus
au fondement des dispositifs collaboratifs. Pour autant, peut-on considérer les
usagers comme des créateurs qui s’affranchiraient des impératifs de la production
et contourneraient les intentions marchandes des dispositifs ? Les usagers
ont-ils conscience des enjeux industriels sous-jacents ? En participant à des dispositifs
à vocation mercantile (p. ex. réseaux socionumériques à dimension amicale comme
Facebook, professionnelle comme Linkedln ou Viadeo ou de rencontre comme
Meetic...), ne contribuent-ils pas eux-mêmes à orchestrer ce système économique
faisant de l’agrégation des traces numériques des individus une valeur
marchande ?
Dans les sociétés modernes, la place prise par les objets et
services de communication numérisés est le signe que les pratiques culturelles,
sociales, professionnelles ou de loisirs… connaissent de profondes mutations.
Or tout nous laisse à penser que ces changements ne concernent pas seulement
ces sphères d’activités mais aussi notre rapport au quotidien et nos
compétences ordinaires. Tout comme, pour J. Goody, la « raison graphique »
permet d’exprimer l’idée que la culture de l’écrit transforme nos capacités
cognitives, force est d’admettre que les dispositifs numériques ne sont pas
neutres et qu’ils agissent, d’une manière ou d’une autre, sur les modes de
pensée. Pour certains, ils donneraient même lieu à une « raison computationnelle
».
Les articles de ce numéro pourront s’inscrire dans les deux
pistes de recherche suivantes qu’ils se proposent d’interroger :
- Approches
théoriques et méthodologiques
Comment se renouvellent les approches théoriques, les outils
et méthodes d'investigation qui, jusque-là, ont été déployés pour analyser les
usages des TNIC comme le téléphone, la télématique, la bureautique ou encore
les réseaux devidéocommunication, etc. ? Dans quelle mesure les pratiques
numériques contemporaines impliquent-elles des approches et des méthodes
d’analyse spécifiques ? Les traces numériques constituent-elles des données
pertinentes sur un plan scientifique ? Ces données peuvent-elles se suffire à
elles-mêmes ? Le chercheur a-t-il un rôle dans la construction de ces données
et si oui, quel est-il ? Comment analyser les pratiques des TNIC sans les
dissocier des contextes économiques et sociaux dans lesquels elles s’inscrivent
? Ces questions se posent avec une acuité particulière à l’aune du numérique. Enfin,
on s’interrogera ici aussi sur la capacité des sciences sociales à analyser ce qui
est en train de se produire. Dans quelle mesure les convergences techniques engendrées
par le numérique invitent-elles au décloisonnement disciplinaire et, par là
même, au développement de liens étroits entre sciences sociales et sciences de l’ingénieur
? Cela amène à aussi s'interroger sur l'évolution des sciences de l'information
et de la communication d’un point de vue épistémologique.
- Éthique de la
recherche
Les nouvelles méthodes de recherche et d’investigation que
permettent les TNIC posent un certain nombre de questions sur un plan éthique.
Comment sont redéfinis les protocoles de respect de l’éthique de la recherche
lors de fouilles approfondies des données ou encore lorsqu’il s’agit d’observer
les pratiques ou de suivre des traces ? Le chercheur peut-il poursuivre
pleinement sa pratique de recherche en satisfaisant à des règles d’éthique
empreintes de nombreuses contraintes, notamment dans certains pays tel que le
Canada ? En s’y conformant, le chercheur ne se prive-t-il pas de précieuses
données qui seraient susceptibles de répondre à ses objectifs de recherche ?
Comment le chercheur peut-il, avec les TNIC, respecter pleinement l’anonymat
des individus qui s’expriment sur des plateformes publiques ? L’ébranlement des
lignes de partage entre espace public et espace privé au principe des TNIC ne
devrait-il pas conduire à changer les règles du jeu en matière d’éthique de la
recherche ?
Ce numéro de tic&société vise à faire état des nouveaux
modèles d’analyse, approches théoriques, outils méthodologiques et protocoles
éthiques sur lesquels s’appuient les recherches actuelles. Il a également pour
objectif de les questionner du point de vue de leur spécificité, de leur
filiation avec les façons de faire préexistantes et, en fin de compte, de leur
pertinence. Nous encourageons les textes qui questionneront d’une manière
critique les pratiques de recherche (outils, méthodes, cadres théoriques, etc.)
ainsi que les enjeux éthiques sous-jacents.
Calendrier et
modalités de soumission
Les contributions doivent être soumises pour le 31 mai 2013 au plus tard en français, voire
en anglais ou en espagnol mais, dans ce cas, être accompagnées d'un résumé de
3000 caractères en français, en anglais et en espagnol. Elles doivent
comprendre environ 40 000 caractères espaces comprises. Les auteurs sont
invités à respecter les consignes concernant la mise en forme du texte
(consignes disponibles sur le site internet de la revue
(http://ticetsociete.revues.org), voir la rubrique « Consignes aux auteurs »).
Les articles feront l'objet de deux évaluations selon la
procédure de lecture à l'aveugle. Les articles rédigés en anglais et espagnol
seront évalués puis traduits en français dans la mesure du possible.
Ils doivent être envoyés à l'attention de Hélène Bourdeloie,
coordinatrice du numéro, à l'adresse suivante : helene.bourdeloie@gmail.com
Il est également possible de proposer des textes hors thème.
Ceux-ci pourront être, soit publiés dans la rubrique « Varia » du présent
numéro, soit conservés pour un prochain numéro thématique. Merci, dans ce cas,
d'envoyer les textes à l'adresse suivante : comite-editorial@ticetsociete.org.
Source : http://ticetsociete.revues.org/
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