L’appel du divertissement (CNRS éditions)
Dans la Crise de la culture, Hannah Arendt montre que les
objets culturels sont inexorablement entraînés sur la pente du divertissement
et que consommer s’identifie assez rapidement, dans notre société, à se
divertir.
Cet « appel » du divertissement est particulièrement
observable dans un média comme la télévision et il n’est pas loin de dominer la
fameuse trilogie « informer, cultiver, divertir », soumettant les deux premières
missions à sa loi. Ce numéro se propose donc d’explorer les glissements qui en
résultent dans tous les genres télévisuels en suivant plusieurs pistes :
• l’utilisation du terme : quels genres regroupe-t-on
aujourd’hui sous l’étiquette « divertissement » ? L’examen des journaux de
programmes révèle que cet étiquetage est mouvant. Ainsi, certains programmes
naguère classés dans la catégorie « télé-réalité » sont aujourd’hui considérés
comme divertissement. À l’intérieur d’un même genre, les thèmes ou le
répertoire retenus peuvent aussi révéler cet « appel » (par exemple, le choix
des pièces faisant l’objet d’une retransmission théâtrale).
• la relation de l’information au divertissement, notamment
au travers de « l’infotainment » : les talk shows, les journaux télévisés.
Quelles sont les nouvelles formes des mélanges des genres qui font se côtoyer
les stars du petit écran, les « people » et les politiques ? Quelles
transformations ludiques ont subi, au cours de la dernière campagne
présidentielle, les débats politiques ? etc.
• l’évolution des formules et des dispositifs : loin d’être
fixés une fois pour toutes, les dispositifs et les formules des programmes
subissent des évolutions importantes au cours de leur histoire. Dans cette
perspective, il semble fructueux de confronter la promesse de certains
programmes à leurs transformations progressives. Par exemple, les premiers
numéros d’ On a tout essayé (de Laurent Ruquier) affichait une ambition
culturelle (invitation d’intellectuels, critiques de livres, etc.), qui s’est
diluée au fil des mois. L’étude chronologique de certains programmes peut faire
ressortir les mécanismes par lesquels le divertissement s’insinue dans des
émissions dites « culturelles ».
• Arendt note que le stade ultime de cet appel du divertissement
est le moment où, pour faire « passer » un objet culturel, on le déforme « en
vue de persuader les masses qu’Hamlet peut être aussi divertissant que My Fair
Lady » et, pourquoi pas, tout aussi éducatif ». Cette remarque trouve de
nombreuses confirmations aussi bien dans « l’actualisation » de fictions du
patrimoine littéraire que dans la façon de présenter la science. On pourra
s’intéresser aux adaptations « modernes » de classiques.
Ces pistes ne sont pas limitatives, pas plus que les angles
adoptés. On évitera seulement les critiques générales de la télévision, ainsi
que les discours de déploration. Seront bienvenues en revanche les
contributions qui se pencheront sur un genre ou un programme en s’interrogeant
sur le sens qu’ils donnent au terme « divertissement ».
Les projets sont à
envoyer avant le 15 juin au responsable du numéro :
françoisjost@ceisme.fr
Les auteurs des
articles retenus seront prévenus début juillet et les articles seront à rendre
pour le 15 novembre 2012.
Responsable : François Jost
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire